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... appelés au retour à la normalité

"... personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre", dit le pape François dans son homélie de la nuit de Noël 2017. Il dit juste le contraire de ce que dit l'évangéliste Luc : '... il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune (Lc 2,7), avec cette nuance entre "sentir d'avoir" et "avoir".  Si nous disons que le diable est dans le détail, ne pouvons-nous dire aussi que l'ange se révèle dans la nuance ?

Une nuance et non une comparaison. Dans la comparaison, la légèreté de "sentir d'avoir" ne fait pas le poids à la lourdeur d' "avoir". Dans la nuance, "sentir d'avoir" a toutes ses chances, dans sa dynamique de l'action qui nuance la position statique de la possession exprimée par "avoir". En effet, la nuance introduite par François incite à l'action : faites quelque chose, car personne ne doit sentir qu'il n'a pas de place sur terre. Il le sait et tout un chacun avec le minimum de lucidité le sait aussi : nombreux sont ceux pour qui il n'y a pas de place 'dans la salle commune'. Il ne faut pas être prophète pour dire que notre maison commune - la terre, est devenue une maison privée pour quelques-uns, et nombreux sont ceux qui ne trouvent pas de place. Est-ce un vieux contentieux entre les sédentaires et les nomades ? Est-ce le démon communiste et anarchiste qui sépare les humains en riches et pauvres ? Est-ce le diable de la peur de l'étranger, de la peur de l'autre ? Quoi qu'il en soit, agir en sorte que l'autre, l'étranger, ne sente pas "qu'il n'y a pas de place pour lui sur cette terre", c'est déjà faire "ce petit quelque chose" pour "qu'il ait cette place pour lui sur cette terre". Le verbe "avoir", chez Luc confirme cet état, cette fatalité de nombreuses familles encore de nos jours qui n'épargne pas la famille de Nazareth quand elle se retrouve à Bethléem : "il n'y a pas pour eux de place sur cette terre". La lecture du verbe "avoir" avec la nuance de "sentir d'avoir" brise cette fatalité. Sentir de ne pas avoir de place sur cette terre n'est pas la norme ni le passage obligatoire, même si Jésus l'a vecu. Il est venu au monde, pour nuancer, car un coeur endurci peut redevenir tendre, un coeur insensibilisé peut redevenir sensible. Il est venu appeler au retour à la normalité : "... personne ne doit sentir qu’il n’a pas de place sur cette terre".

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