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Méditation : 23e dimanche dans l’année

Devoir d’ingérence ?


Il y a quelques jours, j’écoutais un débat (dans l’excellente émission « C ce soir », sur France 5), qui faisait le point sur les récents coups d’État au Gabon et au Niger, et sur les obligations de la France – ancienne puissance coloniale – dans cette région. Doit-elle respecter l’indépendance des pays africains, qui ont droit à faire leurs choix, ou, au nom du devoir d’ingérence, intervenir quand les populations sont prises en otage d’un régime dictatorial ?Délicate question à laquelle je n’ai pas de réponse…

Mais j'y pensais en relisant l’invitation de Jésus à la correction fraternelle : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. »


Vivre ensemble, ce n’est pas vivre juxtaposés. C’est se sentir responsable de l’autre. Jusqu’à l’encourager parfois, ou l’admonester si nécessaire.


Mais cette ingérence ne peut être accueillie positivement que si, précisément, elle est fraternelle : « si ton frère… » Si nous ne considérons pas l’autre comme une sœur, un frère, si nous n’agissons pas avec elle, avec lui, comme avec une sœur ou un frère, alors notre démarche sera vaine.


C’est seulement si l’autre comprend que je le considère comme un frère, un ami, et que j’ai peur de perdre son amitié en intervenant, mais que je prends ce risque parce que j’estime que je dois le faire pour son bien, c’est seulement à cette condition qu’il ne se braquera pas et sera prêt à accueillir ma parole. Et c’est tellement délicat qu’il nous arrive de détourner le regard ou de ne pas oser intervenir.


C’est toute la difficulté du devoir d’ingérence en politique internationale. Mais ce peut être la force de notre ingérence fraternelle avec nos proches : s’ils comprennent que, malgré la difficulté de la démarche, c’est la bienveillance à leur égard qui nous anime, alors le dialogue vrai devient possible.


Car tel est bien l’enjeu : briser la spirale de la violence en désavouant le mal chez l’autre, et en refusant que sa faute envers moi vienne casser le dialogue et abîmer notre relation. L’enjeu est celui du Royaume de Dieu, un royaume d’amour et de paix, à construire dès aujourd’hui.


Olivier Fröhlich

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 18, 15-20)


En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

 

Illustration : © Ismael Nery


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