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Messe de la nuit de Noël : Dieu descend vers nous dans la petitesse


Le Pape François a célébré ce vendredi 24 décembre la messe de la nuit de Noël en la basilique Saint-Pierre, anticipée à 19h30 en raison de la pandémie de coronavirus.


Cyprien Viet – Cité du Vatican (source de l'article : vatican news)

Malgré ce format une nouvelle fois restreint pour la deuxième année consécutive, toute la liturgie de la nuit de Noël a été déployée avec faste et solennité, l’émouvant chant du "Kalenda" récapitulant l'attente et la proclamation de la naissance du Christ. Des enfants des différents continents ont déposé des fleurs autour de l’Enfant Jésus.

Dans son homélie, François a mis en relief le paradoxe de cette arrivée de Dieu dans l’humanité. Alors que beaucoup attendaient une manifestation grandiose et puissante, Dieu s’incarne dans un petit enfant, qui renverse les hiérarchies habituelles. L’Évangile «raconte la naissance de Jésus en commençant par César Auguste qui recense la terre entière : il montre le premier empereur dans sa grandeur. Mais, tout de suite après, il nous emmène à Bethléem, où il n'y a rien de grand : juste un pauvre enfant emmailloté, entouré de bergers. C’est là qu’est Dieu, dans la petitesse. Voici le message :

Dieu ne chevauche pas dans la grandeur, mais descend dans la petitesse. La petitesse est la voie qu'il a choisie pour nous rejoindre, pour toucher notre cœur, pour nous sauver et nous ramener à ce qui compte»,

a expliqué l’évêque de Rome.

Chaque chrétien doit donc se tenir devant la crèche en contemplant le «Dieu-Enfant» et en se laissant étonner par toutes ces contradictions apparentes. «Celui qui embrasse l'univers a besoin d'être tenu dans les bras. Lui, qui a fait le soleil, a besoin d'être réchauffé. La tendresse en personne a besoin d'être choyée. L'amour infini a un cœur minuscule, aux faibles battements. La Parole éternelle est enfantine, c'est-à-dire incapable de parler. Le Pain de Vie doit être nourri. Le Créateur du monde est sans demeure. Aujourd'hui, tout est renversé : Dieu vient petit dans le monde. Sa grandeur s’offre dans la petitesse.»

Dieu apparaît quand nous nous reconnaissons petits

Dieu ne cherche pas la force et le pouvoir, il demande la tendresse et la petitesse intérieure

Alors que nous courons perpétuellement derrière le succès et le besoin de reconnaissance, «Dieu ne cherche pas la force et le pouvoir, il demande la tendresse et la petitesse intérieure». Demander au Seigneur la «grâce de la petitesse», cela signifie comprendre que «Dieu veut venir dans les petites choses de nos vies, il veut habiter les réalités quotidiennes, les gestes simples que nous accomplissons à la maison, en famille, à l'école, au travail. C'est dans nos vies ordinaires qu'il veut réaliser des choses extraordinaires». En avoir conscience, cela doit permettre de résister aux tentations de l’avidité et de l’aigreur.

Dieu nous rejoint dans notre petitesse, c’est-à-dire «ce qui fait nous sentir faibles, fragiles, inadéquats, peut-être même ratés». Le Pape a donc lancé à chaque personne disponible à l’entendre cet appel intime, vibrant et émouvant: «Ma sœur, mon frère, si, comme à Bethléem, les ténèbres de la nuit t'entourent, si tu sens une froide indifférence autour de toi, si les blessures que tu portes en toi crient: “Tu ne comptes pas, tu ne vaux rien, tu ne seras jamais aimé comme tu le voudrais”, ce soir Dieu répond. Ce soir, il te dit: “Je t'aime comme tu es. Ta petitesse ne m'effraie pas, tes fragilités ne m'inquiètent pas. Je me suis fait petit pour toi. Pour être ton Dieu, je suis devenu ton frère. Frère bien-aimé, sœur bien-aimée, n'aie pas peur de moi, mais retrouve en moi ta grandeur. Je suis proche de toi et je te demande seulement cela : fais-moi confiance et ouvre-moi ton cœur”.»

Rejoindre les pauvres et les travailleurs

Celui qui n'a pas trouvé le Ciel ici-bas le manquera là-haut

La fête de Noël doit nous pousser à rejoindre le Seigneur dans les pauvres. «En cette nuit d'amour, qu’une seule peur nous saisisse: celle de blesser l'amour de Dieu, le blesser en méprisant les pauvres par notre indifférence. Ils sont les préférés de Jésus, et ils nous accueilleront un jour au Ciel». «Celui qui n'a pas trouvé le Ciel ici-bas le manquera là-haut», a averti François en citant la poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886).

Le Pape s’est aussi arrêté sur la figure des bergers qui «étaient là pour travailler car ils étaient pauvres ; leur vie n'avait pas d'horaire mais dépendait du troupeau. Ils ne pouvaient pas vivre comme et où ils le voulaient, mais ils s'adaptaient aux besoins des brebis qu'ils gardaient. Et Jésus naît là, près d'eux, près des oubliés des périphéries. Il vient là où la dignité humaine est mise à l'épreuve. Il vient ennoblir les exclus et se révèle d'abord à eux : non pas à des personnes cultivées et importantes, mais à des personnes pauvres qui travaillent. Ce soir, Dieu vient remplir de dignité la dureté du travail», a insisté François, appelant à éradiquer le drame des morts accidentelles sur le lieu de travail.

Se mettre en chemin vers la lumière de Bethléem

Frères et sœurs, mettons-nous en route, car la vie est un pèlerinage

«Chers frères et sœurs, retournons à Bethléem, retournons aux origines: à l’essentiel de la foi, au premier amour, à l'adoration et à la charité. Regardons les mages en pèlerinage et, en tant qu'Église synodale, en chemin, allons à Bethléem, là où Dieu est en l'homme et l'homme en Dieu; où le Seigneur est à la première place et adoré; où les derniers occupent la place la plus proche de lui; où bergers et mages se tiennent ensemble dans une fraternité plus forte que toutes les catégories. Que Dieu nous accorde d'être une Église adoratrice, pauvre et fraternelle. Voilà l'essentiel. Retournons à Bethléem», a martelé François.

«Frères et sœurs, mettons-nous en route, car la vie est un pèlerinage, a exhorté François. Levons-nous, réveillons-nous car cette nuit une lumière s'est levée. C'est une lumière douce qui nous rappelle que, dans notre petitesse, nous sommes des enfants bien-aimés, des fils de la lumière. Réjouissons-nous ensemble car personne n'éteindra jamais cette lumière, la lumière de Jésus qui depuis cette nuit brille dans le monde», a conclu l’évêque de Rome.

Comme c’est la tradition chaque année, le Pape François a conclu la cérémonie en portant l’Enfant Jésus jusqu’à la crèche de la basilique Saint-Pierre, entouré par des enfants qui y ont déposé leurs bouquets de fleurs.


Revoir la messe en intégralité


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