Action ou Vérité ?
J’ai beau être un fervent partisan de la vérité, il m’arrive d’émettre un petit mensonge – par exemple si un enfant me présente le dessin qu’il vient de terminer, un crayonné que l’on qualifiera d’approximatif, et me demande s’il est beau.
Nous sommes tous habités par des valeurs, mais nous percevons que leur affirmation ne peut pas se faire au détriment des conséquences. « Un arbre se reconnaît à son fruit», affirme Jésus. Ce n’est pas si simple ! Un petit mensonge permet de ne pas faire de la peine, et à l’inverse, la volonté d’aider quelqu’un va parfois le vexer.

Le sociologue Max Weber nous offre une clé de compréhension intéressante : il fait la distinction entre éthique de ‘conviction’ et éthique de ‘responsabilité’.
L’éthique de conviction pousse à agir selon ses valeurs, sans se soucier des conséquences. Elle refuse les concessions, mais risque de manquer d’humanité.
L’éthique de responsabilité s’intéresse plus aux conséquences : je suis responsable des conséquences de mes actes, qui ne doivent pas contredire mes valeurs fondamentales.
Et nous naviguons toujours entre les deux, entre éthique et responsabilité. Il faut des valeurs qui guident nos choix de vie, et le réalisme nécessaire afin que leurs conséquences ne soient pas en contradiction avec nos intentions de départ. Équilibre délicat !
Où placer le curseur ? « Un arbre se reconnaît à son fruit » : nous devons toujours chercher l’harmonie entre les deux, le bel arbre de nos valeurs et les fruits concrets que produit notre manière d’être et de vivre. C’est là que se construit l’unité intérieure, quand nous nous sentons le cœur en paix.
Olivier Fröhlich
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 6, 39-45)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : ‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »
Lectures : https://aelf.org/2025-03-02/romain/messe
Image : © Pierre Bodo, On connaît l'arbre à ses fruits
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