JN 18,33-37
Jésus chez Pilate
Aujourd'hui, encore une fois, la lecture de l'Évangile commence par cette phrase type : "en ce temps-là", qui appelle à la recherche du contexte. Et dans ce cas, cela est particulièrement intéressant. Juste avant d'appeler Jésus, Pilate a déjà décidé de son sort, en s'entretenant avec les juifs : "Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi" (Jn 18,31). Et pourtant il revient vers Jésus et de manière beaucoup plus complète qu'avec les juifs, s'entretient avec lui. Cela prend le caractère d'une conversation, d'un échange très riche, suivi d'un retournement de la situation et amène Pilate à dire : " je ne trouve en lui aucun motif de condamnation" (Jn 18,38).
Arrêtons-nous quelques instants sur cette conversation de Pilate avec Jésus. Pilate n'arrête pas de poser des questions : "Es-tu le roi des Juifs ? ... qu’as-tu donc fait ? Alors, tu es roi ?" Est-ce de la curiosité ou par devoir ? Difficile à dire, mais on remarque facilement, qu'il n'y a pas d'agressivité, d'hostilité, ni du mépris. Pilate, a-t-il du respect pour le prisonnier Jésus ? Et si "oui", est-ce un respect d'un homme de pouvoir, d'un homme de loi, ou d'un homme tout court ? Dans tous les cas, son engagement dans la conversation crée un climat d'échange, de partage. On oublierait presque que Jésus est amené par force, devant Pilate, en accusé sur le point d'être condamné. Dans cette même conversation, Jésus est attentif et malgré sa souffrance de l'accusé il n'est pas revendicatif et n'essaye pas de se justifier non plus. Dans ses réponses, il touche l'essentiel des questions de Pilate, mais ne s'élève pas devant lui comme un enseignant. Ses réponses exhaustives créent un climat de confiance, de sécurité, on se croirait presque autour d'une table, après un bon repas en train de prendre plaisir à se parler.
Aujourd'hui, dans la lecture du jour, dans la conversation entre Pilate et Jésus nous trouvons quelques propositions pour "ce temps-là", qui est aussi notre temps, le temps d'aujourd'hui de notre vie. La première est de chercher malgré nos certitudes, malgré les évidences, à rencontrer et à parler avec celui qui en est l'objet, pour qu'il en devienne le sujet, comme le fait Pilate. La deuxième est de respecter ceux qui s'adressent à nous. Malgré les situations difficiles, douloureuses, injustes, même s'ils comptent parmi ceux qui nous font du mal, nous font souffrir, pour qu'ils soient toujours pour nous des sujets humains et ne deviennent jamais des objets.
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